Former les enseignants et animateurs à la culture informatique

Lancé en 2016 et financé par le Programme Investissements d’Avenir, le dispositif Class’Code propose des cours en ligne permettant aux enseignants et animateurs qui le souhaitent de se former afin de pouvoir ensuite transmettre aux 7-14 ans les bases de la culture informatique. Porté par Inria, le projet réunit de multiples partenaires dans toute la France.


La vraie force de Class’Code, c’est son contenu, résume Amélie Blandeau, coordinatrice du dispositif en région Bretagne. Nous proposons cinq modules de formation en ligne (MOOC) qui représentent une centaine d’heures de vidéos et d’exercices. Ce contenu a été créé par des professionnels de la pédagogie et de l’informatique. Il présente une vraie pertinence et permet une montée en compétence graduelle. Il est complété par d’autres ressources, comme des fiches d’activités, qui viennent régulièrement enrichir le site.

Gratuits, accessibles à tous et utilisables à la carte, ces MOOC s’adressent prioritairement “aux enseignants et aux animateurs des structures de loisirs travaillant avec des 7-14 ans. Le but n’est pas de devenir un pro de la programmation, mais d’acquérir une culture informatique au sens plus large pour pouvoir ensuite la transmettre aux jeunes du primaire et des collèges.

Nés avec le numérique, ces jeunes ne maîtrisent-ils pas déjà toutes les arcanes de l’informatique ? “Oui et non, nuance Amélie Blandeau. Beaucoup ne possèdent pas d’ordinateur. Ils ne connaissent Internet qu’à travers leur téléphone portable et les applications qu’ils utilisent : Facebook, Instagram et autres. Ils restent confinés dans ces interfaces. Certains, par exemple, ne vont pas sortir de cet environnement ne serait-ce que pour utiliser un moteur de recherche. D’autres ne savent pas que l’on peut modifier une page Wikipédia. Ou bien encore ils n’ont jamais entendu parler de code source, etc. Tout cela demande un apprentissage.

 

Une trentaine de partenaires

 

Outre Inria, Class’Code s’appuie sur une trentaine de partenaires dont la Société informatique de France (SIF), la Fondation La Main à la Pâte, l’association Les Petits Débrouillards, l’entreprise Magic Makers et la plateforme OpenClassrooms sur laquelle les MOOC sont hébergés. En fonction des acteurs présents sur le territoire, le dispositif prend différentes physionomies. “En Occitanie, la coordinatrice du réseau dépend de l’association La Compagnie du code. En Aquitaine, c’est une agent d’Inria (1). En Pays de la Loire, c’est un salarié de l’Université de Nantes. Certains s’y consacrent à plein temps. D’autres, comme mon collègue de Brest, travaillent aussi sur d’autres missions. Notre action dépend beaucoup des environnements régionaux. Moi, par exemple, je suis surtout en lien avec le Rectorat de Rennes dont le directeur aux affaires numériques est très enthousiaste sur Class’Code.

Inauguré en 2016, Class’Code bénéficie du financement PIA pour encore 18 mois. Et ensuite ? “Rien n’est décidé pour l’instant. Le Ministère de l’Éducation nationale travaille sur un projet de Petite École du Numérique qui serait le pendant pour les enfants et les adolescents de la Grande École du Numérique lancée sous la présidence de François Hollande afin de favoriser l’insertion professionnelle. La concertation organisée par le Ministère s’est terminée en décembre dernier. Rennes était d’ailleurs l’une des villes où elle s’est déroulée. Nous ignorons pour l’instant si Class’Code sera intégré dans ce projet. Dans le cas contraire, nous réfléchissons à la possibilité de créer un collectif avec les acteurs de l’éducation populaire au numérique comme la ligue de l’enseignement, la fondation La Main à la pâte, les Petits Débrouillards, ainsi que des entités régionales.

La formule, elle-même, est susceptible d’évoluer. Dans le projet initial, il était prévu “que les apprenants créent des groupes d’apprentissage où ils se retrouveraient périodiquement en compagnie d’un facilitateur, par exemple un animateur dans un fablab, pour faire le point et utiliser l’intelligence collective afin de résoudre les problèmes que les uns ou les autres pouvaient rencontrer. Mais, en pratique, on constate que cela ne fonctionne pas. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. En particulier les distances géographiques entre les personnes. Par ailleurs, ce n’est pas forcément ce que les gens recherchent. Et dans le fond, peu importe. Il n’est pas nécessaire de participer à ces temps de rencontre pour utiliser les MOOC.

 

Open Badges

 

Une autre piste de développement porte sur les Open Badges. “Ce système de certification libre vient attester de compétences ou de savoir-être en dehors des diplômes. Nous envisageons de l’utiliser pour le cas où nous ferions de la formation en présentiel afin de certifier les compétences des ‘formateurs de formateurs’. On pourrait ainsi attribuer un badge de compétences informatiques à un animateur ou, à l’inverse, un badge de compétences pédagogiques à un doctorant Inria qui aurait suivi une formation en médiation afin de pouvoir mieux transmettre son savoir à des jeunes.” À noter au passage que les enseignants et animateurs qui décident de suivre les cours de Class’Code le font sur leur temps personnel. Au terme de chaque module, ils reçoivent une attestation de suivi délivrée par OpenClassrooms. Mais il ne s’agit pas d’un diplôme ou d’une certification à valeur professionnelle.

Récemment, le dispositif a également élargi son contenu en direction des lycées. “Avec la réforme du Bac, une nouvelle matière vient d’apparaître : Sciences numériques et technologie (SNT). Nous proposons donc un nouveau MOOC destiné aux enseignants de lycées qui auront à assurer cette discipline.” Les nouvelles vidéos sont publiées sur la plateforme France Université Numérique et aussi directement sur YouTube. “Cela va améliorer l’accessibilité. Et c’est ce qui compte : l’important, c’est que les gens se forment.

 

  • (1) Au sein d’Inria, le projet Class’Code fait aussi intervenir : Thierry Viéville, chercheur au centre Sophia – Antipolis Méditerranée, Martine Courbin-Coulaud, responsable du service information scientifique au centre Bordeaux – Sud-Ouest, et le chercheur Florent Masseglia (Montpellier).

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