© Inria – Margaux Lhuissier
Subitement, les sirènes se mirent à hurler dans le silence de l’aurore. Mes soldats viennent de débusquer un intrus dans la cité mère, connue dans l’empire sous le nom d’Ordinator. Tandis que je regarde la ville du haut de mon promontoire, le vent sifflant sur mon casque, mon sourire est rempli de fierté : cela fait plus d’un an que je les entraîne pour qu’ils puissent différencier les honnêtes gens des brigands et des vauriens qui tentent de se faufiler dans les entrailles de la grande cité, pour la mettre à feu et à sang. Regardé distraitement, l’intrus, dissimulé dans sa longue cape noire, aurait pu passer inaperçu. Mais tous savent que mon entraînement est exigeant, donnant des soldats efficaces, robustes, indépendants et dénués de préjugés. Un seul mot : détecter ; voilà la tâche qui nous incombe. Mais pour l’instant, du thé. Je prends ma tasse, me lève de mon siège, vais en salle de pause, fais chauffer l’eau, un thé à la menthe, un biscuit au passage, et hop ! me voilà à mon bureau.
L’équipe d’intervention ayant pris le relais, je rappelle mes troupes à leurs postes de sentinelles. Leurs yeux perçants fouillent les rues, les poches des passants, cherchant le moindre détail avec la mine grave des protecteurs du peuple. Peu à peu, le silence de la cité qui se réveille finit par devenir un brouhaha assourdissant. Les processus et les interactions régissant la cité sont complexes, car de nombreuses tribus habitent en son sein : les Fichiers, les Registres, la tribu dominante des Processus et d’autres encore. La monnaie, dans cette cité, est l’information. D’ailleurs, pour info, il est midi. Direction la cafétéria, un repas, un baby-foot entre collègues, et hop ! me revoilà à mon bureau.
Soudain, une alarme brise le mouvement hypnotisant de la foule. Tous les habitants de la cité se ruent dans leurs bunkers, barricadant les entrées à coups de mots de passe complexes. Je cherche frénétiquement la source de cette alarme, passant d’une rue à une autre. Qui ? Où ? Pourquoi ? Alors que je finis par trouver mes soldats entourant l’intrus, je me rends compte de l’erreur : une petite process tremblante se tient là. L’équipe d’intervention raille mes sentinelles, puis finit par les insulter, enragée du dérangement inutile. Et mince, il faut encore les entraîner. Je souffle, pars du bureau, rentre chez moi. Demain est un autre jour, demain tout recommence, demain la détection, la sécurité, la cybersécurité sera meilleure.

Fanny Dijoud
Équipe de recherche : PIRAT\’);
Sujet de thèse : Ma thèse porte sur les systèmes de détection d’intrusions, au niveau système d’informations, modélisant l’activité sous forme de graphes, et utilisant des techniques d’intelligence artificielle (IA) pour détecter des anomalies.
«Détection d’intrusions au niveau système d’informations : détection d’anomalies par traitement IA dans des graphes dynamiques hétérogènes représentant l’activité du système»
J’apprécie le sport, notamment en pleine nature. Quand j’ai un moment libre, j’aime participer à des jeux de société et concrétiser mes projets couture !