La température des émotions

J’aime beaucoup l’expression « chaleur humaine ». Les manchots en Antarctique forment des amas, se serrent entre eux pour rester au chaud. De notre côté, nous, les humains, avons formé des sociétés.

La majorité du règne animale pratique la thermorégulation sociale. Une des clés de la survie : atteindre un état de « thermoneutralité ». Ni trop chaud, ni trop froid. En société, ça se traduit par des attachements émotionnels, des connections.

Je ne me sens pas souvent seul. Je suis une personne très solitaire, encore plus depuis que j’ai adopté mon chat.

En 2022, ScienceDaily a reporté que les victimes de cyberharcèlement ont 1,9 fois plus de risque de tenter de se suicider. Depuis la création du « metaverse », réseau social virtuel, en 2021, de nombreux cas de harcèlement virtuel violents ont été reportés.  Dû à l’aspect plus personnel et direct de ces agressions, les conséquences sur les victimes ont le potentiel d’être d’autant plus décuplées.

On parle beaucoup de « beauty priviledge », ou privilège de la beauté. L’idée qu’une personne classiquement belle aurait droit à plus d’empathie, d’indulgence. Comme les hirondelles, nous sommes attirés par tout ce qui brille.

Le harcèlement en ligne, souligne Peebles en 2014, est facile : l’anonymité confère une protection contre les conséquences, et l’empathie envers la victime est plus difficile à ressentir à travers un écran.

Je pense toujours plus à ma grand-mère en hiver. Ironiquement, elle est morte au printemps.

La chaleur humaine est la capacité d’une personne à apporter du réconfort et de la sympathie par leur présence. Elle est communiquée par des gestes, des postures, des expressions faciales et le ton de la voix.

J’ai craqué, ce week-end, et j’ai allumé le chauffage. Il faisait 15 °C depuis une semaine, ma couette et une bouillote ne suffisaient plus. Je ne lave plus la vaisselle à l’eau froide. Tant pis pour la planète.

Certains psychologues théorisent que la température physique exerce une influence sur les comportements humains. La chaleur corporelle induirait la chaleur humaine.

J’aime beaucoup l’idée d’aider, de pouvoir apporter quelque chose d’utile à quelqu’un. Tenir la porte, aider à ramasser les clés tombées… On pourrait dire que ça me fait chaud au cœur.

Un déficit d’empathie est principalement caractérisé par une incapacité, complète ou partielle, d’identifier ses propres émotions ainsi que les émotions d’autrui. Sans nécessairement être pathologique, ce trouble peut causer agression, violence, et manque de respect et de sollicitude pour le bien d’autrui.

J’aimerais pouvoir dire que je suis une personne assez empathique. La vérité, c’est que même si je ressens de la compassion et de la sympathie, l’empathie reste quelque chose qui m’échappe. Depuis enfant, j’ai toujours dû apprendre par l’erreur à associer communication non verbale et émotions d’autrui.

Les liens sociaux reposent sur beaucoup plus que la chaleur humaine. Le toucher social, cousin de la chaleur humaine, constitue un de ces pilliers clés.

C’est l’influence de ce pilier que j’étudie. Améliorer, dans les espaces virtuels, les interactions sociales, supporter la résolution de conflit. J’apprends à apprendre l’empathie, rendue d’autant plus pour les interactions virtuelles.


Jeanne Hecquard

Équipe de recherche Inria : HYBRID

Sujet de thèse : « Conception et évaluation de rendus haptiques affectifs en Réalité Virtuelle« 

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