© Inria / illu. Philippe Aran

En v’la 2 qui viennent d’un coup. Iels rentrent dans ma boutique rue du troisième Cœur, l’un·e après l’autre, et à leur tête, je suis sûre  qu’ils veulent tou·te·s être servi·e·s en premier. Je mets ma capuche et monte sur mon tabouret pour à peine dépasser du comptoir.

Je ne suis bonne qu’à faire de maths, depuis toujours, mais je fais ça  bien et j’ai une bonne bibliothèque, donc je suppose que c’est pour ça qu’iels continuent de venir me voir.

Le premier qui arrive à mon niveau a un air pédant qui me déplaît fortement, avec son costard bleu et ses lunettes de soleil. Mais un client est un  client.
Je reconnais la deuxième directement, toujours dans ses tenues sombres et amples. Elle passe son temps à me poser des questions sur le Titanic, j’envoie mon assistant chercher le bon livre pour ça.

Le premier engage la conversation :

En quelle année Charlemagne a été couronné ?

Évidemment pas la moindre salutation. Je regarde mon vieux moniteur cathodique qui me dit qu’il s’agit du client numéro 17432. Je sors une ardoise et  note son numéro en en-tête. J’envoie un de mes petits assistants chercher la  réponse et note le numéro de l’assistant pour ne pas le perdre. Je lui réponds :

– Installez-vous là, en pointant un siège.

J’appelle ensuite la prochaine cliente en sifflant entre mes dents :
Suivante !
– B-bonjour, pourriez-vous me dire quelle est la somme de l’année où a coulé le Titanic et le nombre de doigts d’une main ?

Bingo ! Je sors son ardoise déjà prête et pose mon addition en dessous. Le nombre de doigts d’une main c’est facile, c’est 5. Ensuite, mon  assistant vient de revenir avec le livre sur le Titanic.
Je prends mon livre et trouve l’année : 1912. 1912+5=1917, même pas  besoin d’y réfléchir, je lui donne sa réponse et elle peut ainsi s’en aller. Mes assistants reviennent avec la réponse du 17432 qui n’aura eu sa réponse qu’après mon habituée, la fidélité, ça paye !


Aurore Poirier

Équipe de recherche Inria : PACAP

Sujet de thèse : « Optimisation guidée par profil pour les langages dynamiques« 

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