Shooting express

© Inria / Dessin P. Aran

Salut ! Moi c’est Isaac Robert Moineau mais tout le monde m’appelle IRM. Je suis photographe de cerveau professionnel. Je prends surtout en photo les tuyaux qui relient les neurones entre eux, ça s’appelle des axones.

Mes collègues médecins ont besoin de moi pour photographier et vérifier que les axones sont en bon état. Mais ces derniers temps, mes collègues ont de plus en plus de patients et ils me demandent d’aller plus vite, de prendre moins de photos et tout ça en essayant de baisser mes tarifs horaires…

La complexité de mon travail c’est que quand je prends une photo des tuyaux, ils vont dans tous les sens et seulement quelques-uns sont orientés correctement sur ma photo. C’est comme si je prenais une voiture en photo de face, impossible de savoir si c’est une limousine ou une voiturette. Avec mes axones, c’est pareil, je suis obligé de tourner autour pour que chacun d’entre eux soit dans le bon sens sur au moins une photo.

Mais ce n’est pas tout ! En plus d’être dans tous les sens, les axones sont de différentes grosseurs donc il faut que je change de lentilles et de paramètres sur mon appareil photo. Conclusion, pour chaque angle de vue, je prends 3 ou 4 photos avec des lentilles différentes.

Pour accélérer mes séances photos, un collègue m’a conseillé d’aller voir un fabricant de lentilles. Son atelier était impressionnant, je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir autant de lentilles différentes. Le fabricant m’a expliqué qu’on pouvait faire une infinité de lentilles différentes. Certaines peuvent être simples comme les miennes mais d’autres peuvent avoir des formes complexes. Il m’a dit « tant que c’est à peu près lisse, et pas trop épais, on considère qu’on est capable d’utiliser la lentille ». Quand je lui ai demandé pourquoi il faisait autant de lentilles différentes, il m’a répondu que certaines d’entre elles permettaient d’obtenir plus d’information que les lentilles de base. Donc ils en construisent plein et ils les testent. Ils choisissent les lentilles les plus prometteuses et les modifient jusqu’à ce qu’elles soient parfaites et qu’elles ne fassent plus d’erreur quand on essaie d’estimer le diamètre d’un axone.

Ce que j’ai vu chez le fabricant me rend optimiste, ces nouvelles lentilles pourraient réduire le temps des séances photos. Même si ces lentilles n’ont jamais été testées, il faut que j’en parle aux médecins. Peut-être que je serais le photographe de cerveau professionnel qui révolutionnera le métier et que je pourrais sauver moi aussi beaucoup de patients.

Je suis Raphaël Truffet, je suis doctorant dans l’équipe-projet EMPENN. Après un master en informatique, j’ai décidé de commencer une thèse. Souhaitant ne pas faire uniquement de l’informatique, j’ai choisi une thèse plus interdisciplinaire, sur l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM).

En réalité, les acquisitions qui sont faites sont des acquisitions d’IRM de diffusion. C’est une technique d’imagerie en IRM qui permet d’être sensible au mouvement des molécules, et donc à la forme des axones, qui délimitent ce mouvement. Choisir une lentille, consiste alors à choisir les paramètres d’acquisition. Dans le cas de l’IRM de diffusion il s’agit de gradients de champs magnétiques, c’est-à-dire, la façon dont on fait varier le champ magnétique dans le temps et dans l’espace.

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