Cette recherche s’inscrit dans un Labex CominLabs : il est financé par un LABoratoire d’EXcellence qui investit la recherche collaborative interdisciplinaire en Technologie de l’Information et de la Communication. Notre projet repose sur un ensemble d’expériences auxquelles participent des personnes avec autisme et, à partir de ces expériences, nous souhaitons rendre compte d’une nouvelle manière d’accompagner ces personnes. De plus, nous souhaitons établir des recommandations de soin ajustées au plus près de chacun pris singulièrement en prenant appui sur son affinité (affinity) propre. Ces recommandations seraient ainsi le fruit d’un travail d’équipe impliquant deux analyses complémentaires provenant de deux approches différentes.
La première approche de cette recherche consiste ainsi en la contribution des statistiques mathématiques pour la computer vision et les data mining. Dans notre travail, elle évalue quantitativement l’influence de l’affinité sur les comportements des personnes autistes. Cela revient à tenter d’extraire des caractéristiques de comportement communes à plusieurs autistes en présence de leur affinité individuelle, grâce à une étude globale d’indicateurs de l’attention. Nous voulons donc étudier ces indicateurs et leur corrélation avec le visionnage d’une affinité (ou d’un objet neutre qui ne suscite pas d’intérêt particulier), tout en réalisant la même étude auprès de personnes neurotypiques. Nous espérons observer des différences statistiquement significatives mettant un évidence un engagement attentionnel accru des autistes en présence de leur affinité ou, au contraire, un désengagement lié à une charge émotionnelle trop forte.
La seconde approche réside en l’apport de la psychanalyse à cette étude qui permet de considérer chaque personne à partir de ce qui la singularise. Dans notre travail, nous observons que l’affinité élective remplit cette fonction. Elle est toujours propre à un autistic mind en particulier. Ainsi, pour une personne autiste, elle consiste en quelque chose de plus primordial encore qu’une « simple » passion puisqu’elle est le point à partir duquel s’articule l’ensemble du pattern d’actes de la personne et, sans cette affinité, c’est l’angoisse qui surgit. Autrement-dit, si la première approche nous fournit une analyse globale des rapports des personnes autistes à leur affinité, la psychanalyse nous permet d’y ajouter une dimension singulière, au service d’une clinique au cas par cas qui considère chaque personne comme unique : elle travaille à partir de l’affinité élective spécifique à tel autistic mind.
Ensemble, informaticiens et psychologues, nous partons ainsi du constat que les personnes autistes ont des difficultés à engager leur regard (tout comme elles ont, également, des difficultés à engager leur voix). Dès lors, observer d’éventuels changements statistiquement significatifs quant à la façon de regarder (ou non !) son affinité nous enseigne sur la façon dont chaque autiste investit son intérêt spécifique. L’affinité se voit ainsi devenir le levier de l’accompagnement de l’autisme selon la façon singulière dont elle est mise en fonction par chaque personne.
C’est à réunir ces deux analyses ensemble que nous pourrons tenter de fournir de nouvelles percées nécessaires à la prise en charge de l’autisme aujourd’hui.