L’histoire de la professeure et de la forte tête.

Où il est question de créativité …

C’est le matin, les élèves se demandent ce qu’ils vont faire pendant le cours de ****, en fait, il se demandent surtout ce qu’ils vont faire à la récré ensuite.

« Bonjour les enfants ce matin nous allons apprendre à programmer » pas de réaction, sauf du 1er de classe du 1er rang « ça veut dire quoi programmer en fait ? » la réponse fait lever les têtes « pour dire vrai je ne le sais pas moi-même exactement puisque je vais apprendre avec vous » silence, la forte tête de la classe réagit « vous voulez dire que vous allez nous apprendre quelque chose que vous savez pas ? » et la réponse le laisse pantois « mieux encore je vais vous apprendre à l’apprendre » c’est mon rôle de professeure.

Il y a des sourire narquois sous des regards dubitatifs, il y a d’autres regards écarquillés par l’intérêt, il y a même un enfant un peu plus mûr qui se dit en lui-même « la prof encore dû lire un article sur la pédagogie innovante : ça fait des siècles que les vieux croient tout réinventer », mais la forte tête de la classe est déjà de retour « et comment vous allez faire ça madame ? » la réponse qui lui est donnée achève de l’intriguer « nous allons commencer par faire quelque chose d’agréable : nous allons regarder des vidéos, puis jouer sur les ordinateurs »

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La matinée avance, tout le monde bricole avec Scratch, les choses prennent, les enfants s’amusent, ils s’entraident :  les avoir mis par deux les obligent à communiquer à ne pas juste interagir avec la machine. On découvre qu’il y a plusieurs solutions pour faire la même chose, certains enfants ont passé beaucoup de temps à découvrir les fonctionnalités de l’interface, à faire du dessin, d’autres se sont donnés des défis qu’ils n’ont  pas pu atteindre complètement, mais c’est déjà super, ça marche, même si ça ne fait pas exactement ce qu’on pensait. Et puis il y a celui pour lequel ça coince, qui entend « tu as de la chance, tu t’es trompé, grâce à ton erreur tu vas pouvoir apprendre quelque chose » : sourire radieux et motivation revenue, le jeune se transforme en enquêteur pour chasser ses bugs.

Mais maintenant c’est le 1er de classe du 1er rang qui n’est plus dans son univers, ce n’est pas sérieux tout ça, il n’ose pas le dire, mais dit quand même « mais madame à quoi tu ça va pouvoir me servir ? » Et la réponse le sidère « très bonne question mais je ne peux pas répondre à ta place : toi, avec ça, que vas tu vouloir créer ? » la forte-tête s’engouffre dans la brèche : « pour faire un piège à fille-s » et  la professeure de répondre « pourquoi pas : penses-tu plutôt à réaliser une animation ou un jeu ou un simple mode d’emploi pour réussir à plaire, si c’est ton souhait ? Qu’est ce qui fonctionnerait le mieux ? Est-ce que deux ou trois personnes de la classe pourraient évaluer ta proposition et t’aider à l’améliorer ? » Non ? Elle a dit ça : vraiment !?!? Plus personne ne ricane, les jeunes viennent de comprendre qu’ils sont vraiment dans une situation nouvelle, qu’ils ne savent pas encore nommer. Les mots “démarche créative” et “travail en mode projet” viendront plus tard.

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Les jours ont passé, au fil des projets la liste de compétences qui ont été acquises par les élèves au fur et à mesure de leurs besoins au sein des travaux en groupe, correspond quasiment à tout ce qui devait être enseigné, un peu plus parfois. Et les projets sont de vraies réalisations.  Par exemple, le mécanisme de quiz créé par le 1er de classe du 1er rang est réutilisé par toute la classe pour valider les savoirs de plusieurs disciplines, la forte tête a même proposé d’en faire un mécanisme d’anti-sèche, ce qui lui a permis de réaliser que préparer un quiz ou une anti-sèche (à ne pas utiliser :))  est le meilleur moyen de s’approprier le cours et de s’en construire une vision synthétique et réutilisable. Et puis sa vision “des filles” a un peu changé, son projet est devenu une petite création artistique et trois élèves ont effectivement pu contribuer à rendre moins frustre et rustre sa façon de voir les choses à ce sujet; en fait, c’est surtout Ming-Yue qui a passé du temps avec la forte tête, et figurez-vous que justement … mais ça, ça ne regarde par la professeure, son job à elle est d’avoir pu réussir à enseigner en apprenant à apprendre.

Cette histoire est une synthèse de témoignages réels qui ont été remixés.

 

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