Bonjour Cindy : qui es tu professionnellement ?
Bonjour David, je suis Cindy DE SMET, maître de conférences (enseignant-chercheur) en Sciences de l’Education dans le MASTER PIF (Pratique et Ingénierie de la Formation) et le MASTER MEEF (1er degré et 2nd degré) à l’ESPE de l’Académie de Nice (Université Nice Sophia Antipolis). En plus, je suis la responsable de l’axe « Usages créatifs du numérique » au Laboratoire d’Innovation et Numérique pour l’Education (LINE). Avant, j’étais à l’ESPE de Gand (Belgique) où j’ai effectué des travaux de recherche sur les classes inversées au collège et les parcours d’apprentissage dans des plateformes type MOODLE. Comme responsable de l’axe de la créativité, ma recherche porte sur le lien entre les connaissances TPACK et la créativité et l’intégration des jeux sérieux dans l’enseignement de mes étudiants.
Pourquoi les compétences du 21 siècle et la créativité vous intéressent ?
Dans des référentiels d’organismes internationaux comme l’UNESCO, l’OCDE et l’Union Européenne, les compétences du 21 siècle les plus mentionnées sont entre autres la collaboration, la résolution de problèmes, la pensée informatique et la créativité. Dans le cadre du projet #CoCreaTIC, une synthèse de ces 4 compétences a été développée dans le modèle #5c21 par Margarida Romero (2016), la directrice du laboratoire LINE. Pour nous à l’ESPE, le numérique est un levier qui nous permet de travailler sur les compétences clés.
Et tout le monde est d’accord ?
Oh non, dans certaines disciplines nos étudiants disent « la pensée informatique, ce n’est pas nous !» ; ou « la créativité ? oui, oui pour les professeurs en arts plastiques » ; ou même « le jeu n’a pas sa place dans les écoles en France ». Cette semaine la première évaluation PISA (2015) des compétences de résolution collaborative de problèmes sont publiés. Ils ont révélé que la France se situe entre le 19e et le 23e rang dans le classement des 32 pays de l’OCDE qui ont participé à l’évaluation de la résolution collaborative de problèmes. Dans des futures évaluations PISA, la créativité (la capacité à résoudre un processus contextuel de manière originale, pertinente et utile par un groupe de référence) sera également mesurée. Alors, nous n’avons pas de temps à perdre.
Alors comment vous êtes mis au travail ?
Dans les cours TICE en MASTER MEEF 2nd degré (secondaire), nous avons décidé dès le premier cours en master 1 de travailler sur la pensée informatique, en général définie comme la capacité à comprendre et faire usage des différents concepts et pratiques en lien avec la programmation.
Nous avons invité un des facilitateur de Class´Code qui nous a proposé un parcours de formation adapté à partir de Class’Code visant à former nos étudiants à la pensée informatique. Toutes les disciplines en 2nd degré ont suivi cette initiation à Scratch, donc les futurs professeurs de science, ou les professeurs de langues ou celles ou ceux d’éducation physique. Je pense que nous avons atteint notre but de leur donner envie d’apprendre les rudiments de bases de la programmation dans une démarche créative. Pour la plupart d’entre eux, c’était une surprise de voir qu’ils étaient meilleurs qu’ils ne le pensaient. En ce qui nous concerne, une coopération satisfaisante. Lors des cours suivants, nous continuons à travailler sur les autres compétences clés du 21e siècle.
Et quelles sont les impressions du facilitateur de Class´Code lors de ces cours enseignés à l’ESPE ?
Il s’est amusé comme un enfant ! Surtout il a fait quelque chose d’intéressant : il s’est présenté en disant très sincèrement « bonjour, je viens apprendre avec vous cette démarche de créativité … je vais partager avec vous des compétences nouvelles, mais j’ai besoin que vous m’aidiez à vous les apprendre » de même que les enseignants qui vont apprendre ce qu’on appelle « le code » dans les années qui viennent seront dans cette démarche pédagogique participative de dire à leurs enfants « bonjour, cette année, nous allons nous initier à la pensée informatique ». Cela positionne apprenants et enseignants dans une posture participative où l’apprenant devient partie prenante de sa propre formation : on apprend et on apprend à apprendre.
Il y a donc un lien fort entre cette apprentissage de la créativité et l’initiation à l’informatique ?
Complètement, on le voit bien dans la démarche de David : son approche pédagogique est constructiviste, au sens le plus positif : « il crée la situation et les meilleures conditions grâce auxquelles la construction des savoirs et savoir faire de l’enfant apprenant est favorisée. Celui ci traite les informations qu’il reçoit et les restructure en fonction des connaissances qui lui sont propres, qu’il a déjà intégrées auparavant ». Ce que nous pensons c’est que c’est aussi un apprentissage du savoir être et de son « savoir devenir ». Ce que nous apprécions beaucoup c’est que Class´Code voit l’apprentissage de la programmation comme un outil pour apprendre bien plus : à comprendre et maîtriser le numérique et éclairer ses usages. Le facilitateur s’est amusé à caricaturer cela en disant : « oui : la techno on s’en contrefout, pourvu qu’on la maîtrise ».
Cindy De Smet. cdesmet@unice.fr @drsmetty