Session scientifique 4

Le numérique soutenable existe-t-il vraiment ?

  • Session du jeudi 1er juillet, coordonnée par Alain Couvreur et animée par Anne-Cécile Orgerie

On connaît de mieux en mieux les conséquences environnementales de l’explosion numérique dans la société. Fabrication de matériel, utilisation des ressources, effet rebond, participation à l’accélération des échanges, la transition numérique n’est pas, de façon naturelle, une transition écologique. On connaît aussi, par la force des choses, tout ce que le numérique peut faire économiser en déplacements et en émissions carbone.
Faire correspondre numérique et nécessités écologiques demande un effort de sobriété, de réflexion sur les pratiques, et de construction de notre responsabilité sociale. Ces efforts sont parfois de l’ordre de la recherche relevant de nos coeurs de métiers, d’autres fois ils nécessitent une prise de recul, une compréhension interdisciplinaire des enjeux, et le courage de s’orienter vers des alternatives plus sobres.
Cette journée est destinée à brasser tous ces thèmes, ceux qui engagent la recherche en informatique et numérique, et ceux qui nécessitent une démarche réflexive et éthique.

Keynote

Philippe Bihouix, directeur général du groupe AREP, agence d’architecture interdisciplinaire

Philippe Bihouix a travaillé dans différents secteurs industriels comme ingénieur-conseil ou dirigeant. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la question des ressources non renouvelables et des enjeux technologiques associés, en particulier L’âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable (Seuil, 2014) et Le bonheur était pour demain. Les rêveries d’un ingénieur solitaire (Seuil, 2019).

Un numérique soutenable, mission impossible ou défi du siècle ?

Le secteur numérique repose sur une consommation d’énergie et de ressources dont la croissance est à terme insoutenable. Tandis que la rapidité des cycles d’innovation rend les équipements obsolètes en quelques années, le recyclage effectif de produits toujours plus complexes – contenant des dizaines de métaux différents – est loin d’être gagné, faisant également planer un possible risque de pénuries ou de ruptures d’approvisionnement.

Face à la « facture » désormais visible et indéniable, deux arguments sont brandis : le progrès technologique qui permet une efficacité toujours plus grande et une réduction de l’empreinte environnementale (green IT), et le fait que le numérique facilite ou permette aux autres secteurs de faire leur transition énergétique (green by IT). Arguments contestables, tant l’effet rebond, la croissance des usages et des volumes en jeu, balaie l’efficacité unitaire engendrée par les nouvelles technologies.

Vers quelles voies s’orienter alors pour rendre le numérique réellement soutenable ? Est-ce d’ailleurs possible ? Quel devrait et pourrait être le rôle des pouvoirs publics, et du monde de la recherche ?

Présentations scientifiques

1. Bilan carbone d’une équipe-projet Inria 

Sylvain Chevillard
Chercheur au sein de l’équipe-projet Factas
Inria Sophia Antipolis – Méditerranée

Résumé : Début 2020, un petit groupe de travail a été constitué à l’Inria comprenant quelques chercheurs volontaires pour effectuer le bilan carbone de leur équipe de recherche sur l’année 2019. Dans cet exposé, je présenterai les motivations de ce projet et les problèmes méthodologiques qui se sont posés : quels postes d’émission considérer ? comment collecter les informations nécessaires à partir des outils Inria ? Pour finir, je présenterai les grands enseignements de ce bilan.

2. S’il vous plait… dessine moi un service numérique !

Laurent Lefèvre,
Chercheur au sein de l’équipe-projet Avalon
Inria Grenoble – Rhône-Alpes

Résumé : Dans son livre « Terre des Hommes » paru en 1939, Antoine de Saint-Exupéry évoque la relation de l’homme avec l’avion : « Nous sommes tous de jeunes barbares que nos jouets neufs émerveillent encore. Nos courses d’avions n’ont point d’autre sens. Celui-là monte plus haut, court plus vite. Nous oublions pourquoi nous le faisons courir. La course, provisoirement, l’emporte sur son objet. » Cette relation pourrait s’appliquer au numérique ! Alors que les impacts environnementaux du numérique continuent de croitre fortement, que le numérique est un facteur d’accélération de notre société, comment concevoir les services numériques de demain en mêlant de manière raisonnée et sobre, infrastructures matérielles et logicielles ? Quand Saint-Exupéry écrit « Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à retrancher. » ; la simplicité serait-elle une partie de la solution ?

3. Comment peut-on utiliser les centres de calcul de façon plus efficiente, du point de vue énergétique ?

Hervé Mathieu
Ingénieur de recherche
Service d’Expérimentation et de Développement
Inria Bordeaux – Sud-Ouest

Résumé : Les datacenters, les salles serveurs sont des ressources utilisées massivement par les équipes Inria. Le critère énergétique prend de plus en plus d’importance à tous les niveaux : groupe froid, salle serveurs, logiciel. Nous passerons en revue les technologies qui permettent de gagner en efficacité et évoquerons à travers diverses expériences la problématique d’accès aux données pour mesurer ou au moins estimer l’énergie utilisée par nos expérimentations.

4. Sur les huîtres et le numérique soutenable

Rosane Ushirobira
Chercheuse au sein de l’équipe-projet Valse
Inria Lille – Nord Europe

Résumé : Alors que l’état des océans décline rapidement, la recherche de mesures sur leur santé s’avère être de plus en plus une tâche fondamentale. Comme solution pour sonder les océans, des capteurs singuliers fournissant des données remarquables peuvent être utilisés : les huîtres. Un dispositif IoT est mis en place pour transmettre ces informations et par conséquent, des questions se posent sur son éco-performance. Nous découvrirons comment les techniques de l’automatique peuvent être utiles dans ces relations huître – numérique – recherche.

 

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