Les ressources rennaises du centre Inria et de l’IRISA en intelligence artificielle

300 scientifiques, 19 équipes. La recherche en intelligence artificielle représente une part importante des activités de l’IRISA et du centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique sur les campus de Rennes, Brest et Lannion, en Bretagne. Ces travaux irriguent de multiples domaines d’activités avec, à la clé, des retombées industrielles et sociétales. État des lieux.

Le 28 mars 2018, le mathématicien et député Cédric Villani remettait au gouvernement un rapport soulignant l’importance stratégique de l’intelligence artificielle et la nécessité d’en faire une priorité de recherche. En écho à cette feuille de route, l’Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires (IRISA) et le centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique viennent de mener une étude interne pour mesurer la part que représente l’IA dans leurs activités. “Elle est énorme, indique Guillaume Gravier, directeur adjoint de l’IRISA. Environ 300 chercheurs travaillent sur ce sujet directement ou indirectement, même si parfois nos confrères ne se revendiquent pas de ce domaine. Certains, par exemple, se définissent plus volontiers comme des spécialistes en traitement du signal. Et pourtant, leurs recherches sont au cœur du sujet. Je pense notamment aux travaux menés sur le logiciel OpenViBE et les interfaces cerveau-machine.”

deux humains constitués de circuits imprimés

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Difficile d’ailleurs de délimiter vraiment le périmètre de l’IA. “Aucune définition ne fait consensus. Chaque nouvel ouvrage propose la sienne. Celle des puristes est très restrictive : IA = deep learning + big data. Rien de plus. Celle que nous avons retenue se veut plus large : tout système informatique capable de comprendre et d’interagir avec son environnement.”

 

Trois domaines de l’IA

Dans ces contours, l’IA concerne 19 équipes sur 45. “Schématiquement, on peut les classer en deux groupes, indique Ludovic Mé, délégué scientifique du centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique. Tout d’abord, celles pour lesquelles l’intelligence artificielle constitue un sujet central. C’est le cas, par exemple, de Lacodam, qui travaille sur le data mining, ou encore LinkMedia et Intuidoc sur l’exploitation de documents. Ensuite viennent celles qui sont principalement utilisatrices de l’IA.”   Et là… surprise : “on est frappé par la grande diversité des applications. L’intelligence artificielle se glisse partout… y compris dans des endroits où l’on ne l’attendait absolument pas.”  Exemple ? “Prenez Dionysos, une équipe spécialisée en réseau. Quand on transmet une vidéo, la qualité à l’arrivée dépend de toute la chaîne de transmission. Les chercheurs ont construit un réseau de neurones qui parvient à prédire la qualité telle qu’elle sera perçue par l’utilisateur en fonction de cette configuration réseau.”

Equipe-projet Lacodam
© Inria / Photo C. Morel

L’IRISA et le centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique sont principalement positionnés sur trois domaines de l’intelligence artificielle. “Tout d’abord l’apprentissage et la fouille de données. Ensuite la robotique, la perception et l’interaction. Enfin le raisonnement et l’ingénierie des connaissances, énumère Guillaume Gravier. Ces recherches trouvent des débouchés dans beaucoup de domaines applicatifs comme la santé, la bio-technologie, les médias, l’environnement, l’agriculture, les maisons intelligentes ou encore la cybersécurité.”

IA et cybersécurité

À l’initiative du ministère de la Défense, un pôle d’excellence cyber (PEC) s’est constitué en Bretagne. La Direction générale de l’armement finance les recherches de plusieurs équipes. “La DGA croit beaucoup au mariage IA et sécurité, indique Ludovic Mé. Nous avons des équipes qui commencent à se positionner sur ce sujet. Nous imaginons d’utiliser l’intelligence artificielle pour détecter les événements attentatoires à l’intégrité des systèmes. C’est ce que l’on appelle la sécurité réactive. Et puis il faut aussi considérer le côté offensif. Autrement dit, étudier la façon dont un programme intelligent pourrait s’attaquer à un système. Acquérir cette connaissance est important pour mieux se protéger demain.”

La diversité des travaux engendre un foisonnement de logiciels dont quelques-uns commencent des carrières dans l’industrie. “Nous avons plusieurs start-up issues de recherches en IA, signale Guillaume Gravier. Je pense en particulier à Mediego qui fournit des modules de recommandation pour les sites web ou encore Lamark qui propose des services de protection de copyright et de détection d’images dans de grandes collections.” Dernière création en date : Case Law Analytics, une société qui utilise l’IA pour prédire les montants d’indemnités dans les contentieux juridiques.

InriaTech

Beaucoup d’industriels frappent aussi directement à la porte des laboratoires. “En ce moment, je reçois quatre sollicitations par semaine en lien avec l’IA, témoigne Guillaume Gravier. Nous sommes très bien identifiés sur certaines compétences comme la vision par ordinateur. Cela dit, il est assez rare que nous puissions monter une collaboration scientifique car souvent les problèmes soulevés relèvent plutôt de l’ingénierie que de la recherche. En revanche, nous avons un dispositif appelé InriaTech qui permet de répondre à certaines demandes. Les ingénieurs d’InriaTech peuvent apporter du développement technologique en s’appuyant sur des résultats de recherche de nos laboratoires. Hier, par exemple, j’étais contacté par une entreprise qui effectue du tri de déchets. Ils veulent équiper leurs tapis roulants de caméras pour détecter certains déchets recyclables. Nous n’avons pas cela sur étagère. Mais nous possédons toutes les technologies pour pouvoir le faire.”


  • (1) L’Irisa est une unité mixte de recherche (UMR 6074) sous la tutelle de CentraleSupélec, du CNRS, d’ENS Rennes, d’IMT Atlantique, d’Inria, d’INSA Rennes, de l’Université de Bretagne Sud et de l’Université Rennes 1.

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