Le 3 décembre à Rennes, en parallèle du festival des Transmusicales, se tient la 6ème édition de la Digital Tech Conference. Placée cette année sous le signe de l’innovation vertueuse, elle rassemble les acteurs des technologies numériques en Bretagne. L’occasion d’aller à la rencontre des tendances émergentes.
Surveillance de masse. Überisation. Piratage. Fracture numérique. Manipulation algorithmique. Débauche énergétique. Ce siècle a 20 ans et s’interroge sur son avenir. Des technologies disruptives s’invitent dans tous les interstices de nos vies. Elles les chamboulent pour le meilleur ou pour le pire. Entre défiance et inquiétude, un fort besoin d’éthique traverse la société. La Digital Tech Conference de Rennes s’en fait l’écho en consacrant sa nouvelle édition à l’innovation vertueuse. L’événement est co-produit par Inria, Destination Rennes et Le Poool, structure d’accompagnement de startups à Rennes et Saint-Malo. Il se déroule au Couvent des Jacobins, le nouveau centre des congrès de Rennes Métropole. On y attend un millier de participants : chercheurs, ingénieurs, étudiants, investisseurs, créateurs d’entreprises, etc.
“En choisissant ce thème de l’innovation vertueuse, nous souhaitons replacer l’humain au cœur de la réflexion, explique Christine Morin, déléguée scientifique du centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique. On pense immédiatement aux initiatives en faveur d’un développement économique plus durable, plus respectueux de l’environnement. Mais il nous a semblé aussi très important de mettre l’accent sur le progrès sociétal. Pour citer un exemple : la protection de la vie privée. Il faut pouvoir sécuriser les systèmes d’information contre les attaques qui fragilisent nos données personnelles. Le développement de l’Internet des objets va encore accroître ce besoin de protection.”
Donc… Tech for good, comme disent les Américains ? “Le terme ne nous convenait pas tout à fait, nuance Daniel Gergès, directeur du Poool. L’expression ‘innovation vertueuse’ couvre une réalité qui ne concerne pas uniquement la technologie. Il y a des efforts à produire en particulier sur l’aspect inclusion. Aujourd’hui, le monde de l’innovation reste très fermé. On y trouve des ingénieurs et des diplômés des grandes écoles. Au final, des gens très insérés dans la société. Mais il faut ouvrir beaucoup plus largement. Un autre point clé porte sur l’appropriation citoyenne, sur l’adhésion de la société à ces innovations. On l’a bien vu avec le débat sur la 5G.”
Responsabilité sociétale
Pour les entreprises, ces préoccupations s’inscrivent désormais dans un corpus de bonnes pratiques codifiées par l’Union européenne à travers la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). En toile de fond également : la nature même du développement économique. “Le but d’une structure comme le Poool, c’est de favoriser l’éclosion d’entreprises, la création d’emplois, poursuit Daniel Gergès. Mais si on pouvait ne pas s’enfermer dans des postes à faible valeur ajoutée, ce serait encore mieux. Nous souhaitons avoir un impact positif sur le territoire.”
“Cette réflexion nous a amenés à organiser le programme autour de trois enjeux, explique Christine Morin. Tout d’abord, les compétences. Cela concerne le monde de la recherche, de l’enseignement, de l’entrepreneuriat. Ensuite, les mondes vivants. À commencer, bien entendu, par l’environnement. Mais aussi la santé, l’alimentation, la mobilité. Et enfin, les aspects sociétaux. On retrouve là les enjeux liés à la sécurité, la protection de la vie privée, la démocratie, l’inclusion, la prise en compte du handicap, etc.”
Pour évoquer ces sujets, le comité de programmation convoque une trentaine d’intervenants. On pourra entendre par exemple Christian Guillemot, co-fondateur d’Ubisoft, Nicolas Dufourcq, directeur de Bpifrance, ou encore Eva Sadoun co-fondatrice de LITA.co, une entreprise qui permet aux citoyens d’investir directement dans des projets à impact social et environnemental.
Plateau de startups
Accessible par différents pass (M,L,XL), la conférence décline trois univers installés chacun sur un étage. #Inspiration pour engager la réflexion. #ICréation pour approfondir et participer à des groupes de travail. #Accélération pour amorcer des collaborations ou intégrer un réseau. Les visiteurs pourront par ailleurs aller à la découverte d’une trentaine de startups représentatives des tendances de l’innovation vertueuse dans les domaines les plus divers. “Ce sont de jeunes entreprises qui ont déjà une première offre sur le marché, précise Christine Morin. L’événement va donner plus de visibilités à leurs applications.”
Rencontres, réseaux, projets
Avant 2019, la conférence se déroulait à l’Opéra de Rennes. “La configuration des lieux ne se prêtait pas à cet aspect networking, explique Daniel Gergès. Le Couvent des Jacobins est beaucoup plus adapté. Nous avons eu des retours très positifs sur ce point lors de l’édition précédente. Pour ce type d’événement, le succès se mesure d’ailleurs aux rencontres engendrées et aux projets qui en découleront ultérieurement. C’est tout l’enjeu. Paradoxalement, les acteurs de l’innovation ne se rencontrent pas si souvent. Les startups ne sont pas si fréquemment en contact avec les chercheurs, les universitaires, les étudiants, les collectivités, les professions de service, etc. Dans le fond, ce sont des univers assez étanches. Notre but est de contribuer à les décloisonner.”
“La Digital Tech a trouvé un positionnement très original dans le domaine du numérique où il y a déjà énormément d’événements. C’est d’ailleurs un des aspects qui a motivé notre participation en tant que co-organisateur, témoigne Jean-François Kerroc’h, directeur de Destination Rennes, gestionnaire du Couvent des Jacobins pour le compte de Rennes Métropole. Nous croyons beaucoup à cet événement qui apporte à la fois une richesse des contenus, de la prospective et un croisement des univers où se reflètent bien les excellences du territoire. Il relevait de nos missions que nous apportions les moyens techniques du développement de cet événement. C’est donc avec beaucoup de satisfaction que, d’année en année, nous le voyons prendre de l’ampleur.”
Cerise sur le gâteau et tradition oblige : après la conférence, les participants ayant choisi le pass XL disposeront d’un badge leur donnant également accès au Festival des Transmusicales.