Bonjour Magali, peux-tu te présenter ?
Bonjour Marie-Christine. Enseignante depuis 16 ans, dont 12 en maternelle, ma formation est scientifique à la base (licence de chimie). Je ne fais du code en classe que depuis 2 ans et demi car ce domaine m’était complètement obscur jusqu’alors…
Le déclencheur a été une formation d’une semaine encadrée par la fondation LAMAP (la main à la pâte) et qui s’appelle « Graines de sciences ». Le titre accrocheur en 2015 était « La science des supers héros ». Un module de 3H dans cette formation a changé ma vie d’enseignante : celui du robot Thymio encadré par Didier Roy de l’INRIA.
En tant que professionnelle de l’éducation nationale, que peux-tu nous dire de ce qu’on appelle “l’apprentissage du code” à l’école ?
Si on se penche sur les nouveaux programmes, il apparaît une grosse place pour l’apprentissage du code en classe. C’est juste logique si on veut former les citoyens de demain à vivre avec leur temps. Une logique qui peut faire peur au corps enseignant non scientifique ou tout simplement non formé à tout cela. Une logique qui se frotte malheureusement aux réalités du terrain : peu de matériel informatique, peu, voir aucune formation du personnel enseignant à l’informatique, pas d’accès possible aux téléchargements de logiciels nécessaires même si ces logiciels sont gratuits et libres de droit, puisque le matériel appartient à la mairie qui le bride par des codes administrateurs.
Pour résumer, l’apprentissage du code à l’école est un gros enjeu pour lequel il faut deux choses : de la formation et du matériel.
Tu n’as pas attendu Class´Code pour contribuer de manière majeure, peut-on résumer ton apport ?
La notion de classe libérée avec des enfants partie prenante de la façon dont va s’organiser l’activité ©vsp.fr
Avant que naisse Class’Code, je suis allée chercher cette formation au code en m’inscrivant à la 16ème session « Graine de sciences » qui se déroulait pendant les vacances de la Toussaint 2015. De retour de cette semaine, je me suis rapprochée de l’INRIA de Sophia Antipolis afin d’emprunter des robots Thymio. J’avais des MS/GS (c’est-à-dire des 4/5 ans) et la curiosité de voir si le langage de programmation VPL de ce robot était adaptable à un public si jeune. Puisqu’il faut simplement faire glisser deux images au centre de l’écran en disant « si »… « Alors »… j’ai tenté l’expérience. Mes élèves ont su faire leurs premiers pas en programmation et ont vite compris l’un des usages du robot : faire des tâches ingrates que l’homme souhaite déléguer… Ils n’aimaient pas passer dans les rangs avec la poubelle pendant les activités de découpage… et ont créé le programme pour que leur petit robot promène la poubelle à papier sur sa remorque !
L’année suivante j’ai demandé ma mutation en élémentaire. Avec mes CM1/CM2 j’ai pu pousser beaucoup plus loin, d’autant plus qu’à cet âge on aime relever des défis !
Apprendre à travers un travail de recherche collectif, «si tu m’enseignes je me souviens, si tu m’impliques j’apprends » ©vsp.fr
Cette année, avec la même classe, nous avons participé au 2ème défi international R2T2 où 16 équipes dans le monde sont connectées en direct et coopèrent pour résoudre un problème en faisant du code. Quelle belle expérience ! Accepter de participer à cet événement a été pour moi une façon de remercier Valérie François de l’INRIA pour les prêts des robots et l’intervention en classe de collègues chercheurs pour nos premiers pas dans la compréhension du code. Je rappelle qu’il y a 3 ans je n’y connaissais rien et redoutais chaque fois que je devais allumer un ordinateur… Mes élèves adorent chercher, programmer, relever des défis en équipe. Ce n’est pas difficile de mettre de telles séances en place, même en classe entière avec assez peu de matériel.
Et pour qui n’est pas une pionnière comme toi, comment Class´Code pourrait aider ?
Un apprentissage scénarisé , on est immergé dans une aventure de Jules-Verne, où les robots doivent rejoindre le Nautilus. ©vsp.fr
Si un enseignant souhaite se lancer, quel que soit sa formation de base, son niveau en informatique (le mien je le rappelle était niveau zéro il y a trois ans !), il doit aller sur Class’Code ! C’est une plateforme d’apprentissage qui donne les outils, pas à pas, pour avoir les moyens de faire du code en classe… avec ou sans matériel d’ailleurs ! Il y a de très nombreuses petites vidéos, très bien faites, des exercices à faire dont un à rendre. On est impliqué dans un réseau de pairs où nous sommes corrigés mais également mis en situation de correction… Tout cela est guidé, à la portée de tous et très formateur. L’un des gros avantages est que l’on ne nous impose aucun délai. Le second est motivant puisqu’à la fin d’un module nous recevons un diplôme ! On se prend au jeu… Moi je viens de m’y mettre pour apprendre à programmer sur Scratch (pour lequel j’avais de grosses réticences et pas du tout la facilité rencontrée avec le VPL du thymio). Et bien, j’avance, je comprends et je vois que si je le mets assez rapidement en place en classe c’est acquis pour tout le monde.
Je conseille vivement les novices curieux de la chose de se lancer… ça vaut le coup ! D’autant plus que la confiance acquise par les élèves dans ce domaine se répercute sur les autres domaines d’apprentissage.
Tu as intégré cette découvert de l’informatique dans un projet éducatif bien plus large …
L’informatique c’est aussi pour les garçons 🙂 Dans les faits ces activités techniques se réalisent sans aucune asymétrie de genre. ©vsp.fr
Enfin, maîtriser Scratch me permets du coup de mettre en forme la trace écrite de mon projet de classe de cette année qui est basé sur la protection de la mer. Scratch, c’est une forme sympa de communication que les élèves ont adoptée : cela ressemble à un petit dessin animé dans lequel ils peuvent faire passer leur message en faisant parler et se déplacer des personnages à l’écran. On croise ainsi les domaines du vivre ensemble, des sciences, du langage en mettant le code aux services de nos différents projets.
Quels conseils donnerais-tu à Class´Code pour 2017 et la suite ?
Cette formation Class’Code est trop bien adaptée à nos besoins pour rester dans l’ombre ! Dans l’éducation Nationale, on nous impose souvent des formations théoriques, des cours magistraux en amphithéâtres. Il y a bien Magistère mais là encore, on écoute et on n’est pas du tout acteur… Il faudrait que la formation Class’Code soit proposée au PAF (plan annuel de formation) ou dans les heures de formation à faire chaque année car peu d’enseignants sont scientifiques à la base, encore moins avec une maîtrise de l’outil informatique.
Le mot de la fin ?
Le mot de la fin ? Merci ! Juste merci aux personnes croisées sur ma route et qui m’ont mise sur ce chemin du code.
Magali Gomes da Rosa.
