La cybersécurité sous un même toit à Rennes

Lancé en octobre 2020 avec le soutien de la Région Bretagne, le centre de compétences en cybersécurité (C³) va regrouper dans un même lieu des scientifiques provenant de dix établissements académiques du bassin rennais. Lieu de brassage accueillant à la fois des chercheurs, des étudiants et des industriels, ce hub servira aussi de vitrine pour accroître la visibilité internationale de Rennes dans un domaine où elle affirme son expertise.


Depuis cinq ans, l’État injecte en Bretagne de gros moyens pour la recherche en cybersécurité : création d’un Pôle d’excellence cyber (PEC), implantation d’un Laboratoire de haute sécurité (LHS), lancement d’un Commandement militaire de cyberdéfense (CybCom), financement de semestres académiques par la Direction générale de l’armement, mise en place d’une École universitaire de recherche (Cyberschool)…

Nouvel étage de la fusée : le Centre de compétences en cybersécurité (C³) lancé à Rennes en octobre 2020. L’idée ? “Rassembler sous un même toit, une part significative des activités rennaises liées à la sécurité des systèmes informatiques, que ce soit en électronique, en mathématiques, en informatique ou en sciences humaines et sociales, résume Ludovic (1), coordinateur du projet. Le C³ prend la forme d’un outil inter-établissements comprenant 10 partenaires. À savoir : deux organismes de recherche (Inria et CNRS), deux universités (Rennes 1 et Rennes 2) et six écoles  (CentraleSupélec, IMT Atlantique et INSA  de Rennes, ENS Rennes, ENSAI, IEP de Rennes). Nous bénéficions aussi d’un soutien fort de la Région Bretagne.

 

Pluridisciplinaire

Fondé sur le triptyque recherche-enseignement-innovation, le C³ revendique aussi un caractère pluridisciplinaire, y compris en direction des sciences humaines et sociales. “Nous avons besoin, par exemple, des spécialistes en droit. On voit bien aujourd’hui toute la difficulté qui existe pour adapter rapidement les législations à l’évolution incessante des technologies.

Le bâtiment pressenti pour accueillir le C³ se trouve sur le campus scientifique de Beaulieu. “Il appartient à l’université de Rennes 1 qui le mettra à notre disposition, charge ensuite aux établissements partenaires d’en assumer les frais de fonctionnement.” Des travaux de rénovation sont envisagés avant une mise en service qui pourrait intervenir fin 2022.

Et en attendant les clés ? “Il y a beaucoup de choses que l’on peut commencer à faire sans les murs. Nous entreprenons tout un travail pour accélérer la structuration du site. En particulier sur deux des trois volets : la recherche et la formation.

Côté recherche, “nous devons continuer à affiner nos thématiques, même si un consensus global existe chez les partenaires. Parmi les sujets nous intéressent, on peut citer : la sécurité du matériel, la cryptologie (y compris post-quantique), la sécurité du logiciel au sens large (virologie…), la protection de la vie privée, la supervision de la sécurité (les aspects réactifs, détection d’attaques…), la sécurité de l’intelligence artificielle, l’usage et l’acceptabilité de la cybersécurité, le droit et la réglementation, les enjeux de souveraineté, sans oublier une réflexion sur la formation (la didactique, l’identification des nouveaux métiers…).

 

CyberSchool

Côté enseignement, le nouveau fer de lance s’appelle CyberSchool. “Il s’agit d’une École européenne de recherche (EUR) obtenue par Rennes 1 dans le cadre du troisième Programme investissements d’avenir. La seule en cybersécurité d’ailleurs. Un des objectifs de cette EUR est de fédérer les efforts en formation. Pour l’instant, il arrive que tel cours soit mis en œuvre par plusieurs établissements simultanément. Ce n’est pas la meilleure manière d’utiliser nos ressources. Nous avons intérêt à mieux nous coordonner, à permettre des accès entre les modules des uns et des autres pour ensuite mieux diversifier nos propositions de cours. Voilà l’esprit. Cette EUR offre aussi un parcours intégré entre le master et le doctorat. En France, un fossé continue d’exister entre les deux cursus. Pour les étudiants, le parcours intégré va rendre les choses beaucoup plus fluides à l’instar de ce que l’on peut voir dans d’autres pays, en Allemagne notamment.  La direction de cette école sera hébergée à terme dans les nouveaux locaux, dans lesquels on trouvera aussi des plateformes pédagogiques, du type cyber range (2) par exemple.

 

Ouvert aux entreprises

Le C³ accueillera aussi dans ses murs des entreprises. “Que ce soit de grandes groupes, des PME, ils pourront faire travailler sur place, leurs ingénieurs collaborant avec nos équipes de recherche.

Ce rapprochement entre chercheurs, entreprises et étudiants favorisera également l’émergence de nouvelles idées et la création de nouvelles startups.

La présence sur place des entreprises constituera aussi pour elles une opportunité de recrutement. Beaucoup sont actuellement confrontées à une pénurie de spécialistes en cybersécurité. Le C³ leur donnera accès à vivier d’étudiants formés dans nos écoles. Nous commençons d’ailleurs à recevoir des demandes de renseignements sur les futures modalités d’accueil pour les entreprises.

Enfin, toutes ces activités seront rythmées par une succession d’événements destinés à présenter les travaux des uns et des autres. “En 2020, Covid oblige, nous avons été contraints d’annuler quatre manifestations l’une après l’autre.” Dès que le vaccin permettra de tourner la page, séminaires et conférences reprendront selon un calendrier encore à définir.

 

  • (1) Ludovic Mé a été enseignant chercheur à CentraleSupélec et responsable d’une équipe de recherche en sécurité. Il est actuellement en détachement à Inria en tant qu’adjoint au directeur scientifique de l’Institut, en charge du domaine de la cybersécurité.
  • (2) Un cyber range est une plateforme de simulation d’incidents de sécurité.

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