Semestres cybersécurité à Rennes

Inria et la Direction générale de l’armement lancent avec les partenaires du Pôle de recherche cyber une série de semestres et chaires thématiques en cybersécurité. L’objectif est double : organiser des rencontres d’experts pour accélérer la recherche scientifique et mener une réflexion prospective qui permettra ensuite de diriger des financements vers certains travaux.


Ludovic Me

“Il y a un an, dans le cadre du programme Investissements d’Avenir, nous avions fait une demande à l’ANR pour la création, à Rennes, d’un Institut Convergences spécialisé en cybersécurité, explique Ludovic Mé, délégué scientifique du centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique. Cette proposition impliquait une centaine de chercheurs et enseignants-chercheurs sur le bassin rennais. Elle incluait, entre autres, la mise en place de semestres thématiques durant lesquels un scientifique serait invité à venir organiser des conférences, des écoles d’été, etc. C’est une formule que nous avions empruntée au Laboratoire d’Excellence de mathématiques Lebesgue de Rennes. Malheureusement, le projet d’Institut Convergences n’a pas été retenu. Mais l’idée d’organiser ces semestres thématiques sur la cybersécurité a beaucoup plu à la DGA qui s’est proposée de les financer et de les co-organiser avec nous.”

Voilà pour la genèse du projet. “Depuis, nous avons lancé un appel à candidatures au niveau national. Nous pensions sélectionner une proposition par an. Mais finalement, au vu de la qualité des réponses, nous en avons retenu directement trois. Elles donneront donc lieu à trois semestres successifs. Chacun d’eux est porté par un scientifique entouré de quelques collègues. Ce porteur sera aussi le titulaire de la chaire. En l’occurrence, les premiers candidats retenus sont tous rennais, mais il aurait très bien pu en être autrement.

Le premier semestre commencera début 2019. Porté par Guillaume Hiet, maître de conférence à CentraleSupelec, il s’intéressera à la sécurité à l’interface du logiciel et du matériel. “C’est un sujet assez brûlant. Cela concerne par exemple les drivers. On assiste à des attaques contre le matériel qui se déclenchent au niveau logiciel, etc. Il faut donc pouvoir les détecter et s’en protéger.”  Animé par Eric Totel, professeur à CentraleSupelec, le deuxième semestre débutera à la rentrée 2019.  Au programme : les problèmes de détection et supervision de la sécurité. Piloté par Gildas Avoine, professeur à INSA-Rennes, le troisième semestre démarrera au printemps 2020. “ll s’intéressera plus largement à la sécurité en lien avec la ville intelligente, la mobilité dans la ville intelligente, etc. Cela concerne les réseaux, les capteurs, les prises de décisions…”

 

Financés par DGA et opérés par Inria

Ces semestres ont vocation à devenir des accélérateurs sur le plan scientifique, indique David Lubicz, responsable scientifique cyberdéfense à DGA-MI. Ils permettront d’avoir un regard partagé de spécialistes ayant un positionnement un peu différent sur un même sujet.”  Chaque semestre bénéficie d’une enveloppe de 100 000 euros. De quoi monter à chaque fois trois conférences principales. “Ces différents événements ont vocation à se renforcer les uns et les autres. Si l’on fait juste une conférence, ce sera difficile d’attirer, par exemple, un grand spécialiste japonais. En revanche, si l’on propose toute une série de rencontres autour d’un thème donné, il est plus facile de faire venir des personnalités sur une longue durée et de favoriser le rayonnement international du pôle de recherche cyber.Le pôle de recherche cyber a été créé en 2014 par un accord de partenariat porté en particulier par le Ministère des Armées et le Conseil régional de Bretagne. Ce pôle contribue à organiser la spécialisation de la région dans le domaine de la sécurité numérique.

© Inria / Photo C. Morel

Par ailleurs, poursuit David Lubicz, nous allons profiter de la présence de ces experts pour mener une réflexion prospective sur la recherche dans leur domaine : quels sont les verrous à lever ? Quels sont les sujets importants à défricher ? Pour chaque semestre, cette réflexion s’incarnera dans un livre blanc rédigé par l’équipe porteuse. Ce document servira ensuite de feuille de route pour positionner des financements fléchés vers certains travaux de recherche. Point important : un des aspects du livre blanc concernera l’innovation. Il y a ici, à Rennes et en Bretagne, un tissu entrepreneurial très riche et nous souhaitons encourager le transfert de technologies vers ces entreprises.”

À noter pour finir que les organisateurs prévoient également de programmer des conférences sur des sujets plus sociétaux à destination du grand public. “Cela fait partie de nos missions de médiation scientifique,” conclut Ludovic Mé.

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